Initié par la marque Parexlanko, le Concours Meilleur Carreleur vise à former, inspirer et connecter les professionnels du carrelage. Organisée au CFA de Saint-Herblain (44), la finale nationale 2024 a couronné Florian Gomez, salarié de l’entreprise stéphanoise Carrelage mosaïque Lilian Mantegna. Ce titre lui a offert l’opportunité de représenter la France à Shangaï lors du concours international du groupe Sika.

Après une première réussie en 2019 et une pause forcée suite à la pandémie de la Covid-19, la deuxième édition du Concours Meilleur Carreleur de Parexlanko s’est déroulée le 19 septembre dernier au centre de formation des apprentis (CFA) de Saint-Herblain. « Ce concours a été créé avec la volonté de Parexlanko de promouvoir le métier de carreleur, mettre l’accent sur sa technicité, tout en privilégiant un esprit d’échange plutôt que de compétition. L’objectif étant de réunir des carreleurs de divers horizons, sans restriction d’âge ou de localisation, présente en préambule Cyril Lemoing directeur marketing des activités Colles & Sols Sika France. Dès le début, nous avons également souhaité associer l’apprentissage à cet événement. En 2019, la finale s’est ainsi tenue au CFA de Bourgoin-Jallieu, et cette année au CFA de Saint-Herblain, avec l’ambition d’embarquer les jeunes et d’encourager la transmission du savoir-faire. » La première étape d’inscription, ouverte du 1er avril au 3 juin, a recueilli de nombreuses candidatures. « Pour cette deuxième édition, le concours s’est ouvert davantage via nos négoces partenaires, les réseaux sociaux, ainsi qu’un QR Code intégré à nos produits, permettant à tous les carreleurs intéressés de s’inscrire, poursuit Cyril Lemoing. En un mois et demi, nous avons reçu plus de cent candidatures. Notre jury, incluant des professionnels et les deux derniers finalistes du concours, Anthony Gaboriau et Eddy Sanchez, a sélectionné vingt candidats. Le choix s’est porté sur leur motivation, exprimée à travers de courts textes, des photos de leurs réalisations et parfois des vidéos de présentation. »

Une finale de haut vol

La marque Parexlanko et le CFA de Saint-Herblain avaient mis les petits plats dans les grands pour accueillir les compétiteurs, les supporters et les visiteurs dans les meilleures conditions. Réunis la veille, les candidats ont abordé cette finale avec enthousiasme, et parfois une certaine pointe d’appréhension. Tribune, spectateurs, caméras et photographes constituaient en effet un espace de travail peu commun pour les carreleurs. Un invité de marque s’est également joint à l’épreuve puisque le champion du concours chinois, et international de 2023, Tianzu Liu a participé en qualité de candidat « hors-concours ». Au programme du jour, un mur et un sol à réaliser avec des carreaux de 20x20 cm aux couleurs de Parexlanko en respectant le calepinage précis qui comprenait de nombreuses découpes. Si les participants connaissaient le sujet depuis une quinzaine de jours, une surprise de taille leur a toutefois été réservée. En complément, ils devaient réaliser au sol, le X de la marque et l’implanter soit par-dessus les carreaux ou en incrustation pour obtenir des points supplémentaires. « Si le sujet était prédéfini, cela a rajouté un peu de piment à l’épreuve avec une note de technicité supplémentaire, détaille Cyril Lemoing. La notation porte sur la finalisation du sujet dans le temps imparti, la qualité des découpes, l'homogénéité des joints et de leur largeur, la propreté de l’ouvrage, le nombre de carreaux utilisés, etc. La prise de risque était également récompensée avec la réalisation facultative de ce X et sa mise en oeuvre par-dessus ou en incrustation. » En complément du sujet, les candidats ont également répondu à un questionnaire portant sur les règles de mise en oeuvre et les produits Parexlanko. Après délibération, les sept membres du jury ont déterminé le classement en distinguant les trois premiers ainsi que le quatrième du jour. Valentin Hamard, de l’entreprise Carreau d’ardoise (49) termine ainsi à la quatrième place et très proche du podium. Antoine Charpentier, artisan implanté au sud de Nantes, décroche une belle troisième place. La deuxième place revient au carreleur de l’Ain, Lauric Lepaintheur de l’entreprise As conception, qui s’est brillamment illustré. Le vainqueur de cette édition 2024 a obtenu un consensus assez large. Le jury a distingué l’excellence du travail de Florian Gomez, salarié au sein de l’entreprise stéphanoise Carrelage mosaïque Lilian Mantegna, soulignant sa précision et sa créativité.

Une carreleur passionné

Agé de 38 ans, Florian Gomez emmagasine 20 ans d’expérience dans le métier. « Je me suis orienté vers le carrelage après une première scientifique. J’étais attiré par les métiers manuels et je me suis particulièrement intéressé au carrelage lorsqu’une entreprise spécialisée est intervenue chez mes parents, détaille Florian Gomez. Je les ai beaucoup questionnés puis j’ai entamé les démarches pour débuter avec eux en apprentissage. J’ai obtenu mon CAP puis mon BP au CFA Loire de Saint-Étienne en étant à chaque fois major de promotion. J’ai ensuite intégré l’entreprise Carrelage mosaïque de Lilian Mantegna avec laquelle j’attaque ma dix-septième année. Nos réalisations sont variées avec des piscines, de la rénovation de salle de bains, de la mosaïque, du carrelage XXL, des terrasses, de la création de meubles et vasques… Nous travaillons régulièrement sur de beaux projets en collaboration avec des architectes et décorateurs d’intérieur. Nous sommes six et comptons deux apprentis, dont Mélina Reymond qui a décroché cette année la médaille d’or au concours Un des meilleurs apprentis de France. Ce qui me plait le plus dans le métier, c’est le côté esthétique, lorsqu’un carreleur

passe généralement ça se voit. J’aime également beaucoup l’échange et le conseil que nous pouvons apporter aux clients. ». Sa participation au concours s’est faite suite à la proposition de Lilian Mantegna. « François Tenaglia, responsable technico-commercial Colles & Sols de Parexlanko sur la Région Rhône-Alpes en a parlé aux équipes de Gedimat Concept Store Carrelages Duboeuf de L’Etrat, qui fait partie de nos fournisseurs. Ils ont pensé à moi et en ont eux-mêmes parlé à Lilian qui me l’a proposé. J’ai tout de suite dit oui, même si je ne savais pas réellement dans quoi je m’embarquais. Mais j’aime les défis et c’était également une belle opportunité d’évaluer mon travail par rapport à d’autres professionnels. »

Dans sa bulle

Quinze jours avant l’événement, tous les candidats ont reçu le sujet du concours. « Cela nous a permis de nous entraîner de notre côté, explique Florian Gomez. La veille lors du briefing, nous avons été informés du X à réaliser en complément. Ça a surpris de nombreux candidats et ajouté une appréhension supplémentaire pour la journée du lendemain. Nous avions également une épreuve écrite avec des fiches produits à réviser. Je ne suis pas de nature particulièrement stressée mais je n’étais pas totalement serein après le briefing. Le matin nous avons fait la présentation et les photos. Il y avait du monde, des caméras… et la pression a continué à monter petit à petit. Puis une fois dans le box, j’ai réussi à faire le vide autour de moi. J’ai mis mes bouchons d’oreille et je suis rentré dans ma bulle. Après deux heures de concours, j’ai vu que je n’avais pas d’accroc, mes coupes défilaient bien, j’avais déjà collé mon mur et j’étais dans le timing que j’avais prévu lors des entraînements. Cela m’a permis de faire retomber la pression et de poursuivre calmement la suite de l’épreuve. À la fin, j’étais satisfait du résultat, content du travail que j’avais fourni . J’ai pu faire le tour des autres box et espérais pouvoir prétendre au podium. » Au coup de sifflet final, le jury a inspecté chaque ouvrage puis s’est réuni pour la délibération finale. Le classement, resté confidentiel, n’a été dévoilé que tard dans la soirée.

Une expérience enrichissante

Après l’épreuve, organisateurs et candidats avaient rendez-vous au Château de la Gournerie pour une soirée conviviale ponctuée par la remise des prix. « Le lieu était très sympathique et l’ambiance excellente entre tous les participants et les équipes Parexlanko, raconte Florian Gomez. Le délibéré n’a eu lieu qu’après le repas et je pense que nous attendions tous les résultats avec impatience. Ils ont commencé par récompenser le candidat chinois, puis le quatrième, le troisième, le second… j’étais confiant de mon travail, mais à ce moment-là on se dit que l’on peut être premier comme cinq ou six. Finalement lorsque mon nom a été cité, ça a été un moment incroyable. La pression retombe définitivement et j’ai pu savourer la remise des prix. J’ai ensuite enfin pu avertir mon épouse, qui ne pouvait pas m’accompagner à Saint-Herblain, et suivait cela à distance, avec un certain stress. » Pour le carreleur stéphanois, cette journée restera un moment unique. « C’est une expérience vraiment enrichissante. Au-delà du concours, il y a les échanges avec les confrères, les rencontres avec le jury et les équipes commerciales des autres régions qui resteront de beaux souvenirs. Après ma victoire, j’ai reçu de nombreuses félicitations de la famille, des amis, des collègues, de nos fournisseurs, de certains architectes avec qui nous travaillons… tous étaient ravis pour moi. » Le titre national décroché par Florian Gomez lui a ouvert les portes de la finale internationale « Sika World Best Tiler » qui se déroulait ce mois de novembre à Shangaï.

Un événement « hors norme »

« Le Concours Meilleur Carreleur, initié par le groupe Parex en 2013, a été lancé en Chine avec l’objectif de professionnaliser le marché du carrelage et d’améliorer les techniques de pose, explique Pierre-Alexandre Letinturier, chef de marché carrelage monde pour le groupe Sika. À l’époque, les artisans chinois utilisaient exclusivement un mélange de sable et de ciment fait sur chantier pour poser du carrelage. L’objectif était de leur faire tester et adopter les mortiers-colles qui, bien que plus chers, simplifient fortement l’application et améliorent la durabilité des installations. Avec l’augmentation de la taille des carreaux, et le développement de carrelage peu absorbant, la pose traditionnelle ne répondait plus au besoin ». Depuis trois éditions, le concours, qui est donc initialement la finale nationale chinoise, s’est ouvert à l’international. Il accueille désormais une vingtaine de nations. « Le sujet est identique pour les finalistes chinois et les candidats internationaux. Le vainqueur du concours national est intégré au classement international. En parallèle, il y a également un concours par équipe dédié à la pose des très grands formats. » Ticiano Mouazan, vainqueur de la finale nationale Worldskills France et médaille d’excellence lors du concours mondial, et Roméo Sanchis, second lors des Worldskills France et qui participera aux EuroSkills 2025 au Danemark, étaient les représentants français du concours par équipe. Événement gigantesque, la finale internationale « Sika World Best Tiler » est un véritable show. Le concours se déroulait dans l’immense rue Nanjing, souvent considérée comme les Champs Elysées de Shanghai. « La Chine est le pays du carrelage, indique Pierre-Alexandre Letinturier. Le pays représente 45 % de la consommation mondiale de carrelage avec six mille millions de mètres carrés. À titre de comparaison, le marché français consomme environ 140 millions de mètres carrés. »

L’aventure chinoise en famille

Florian Gomez a vécu le concours international entouré de ses proches, accompagné de sa femme, de ses fils et de sa mère. « Ma femme était déçue de ne pas avoir pu m’accompagner à Saint-Herblain pour la finale nationale. Nous avons donc décidé de vivre cette expérience en famille », explique Florian Gomez. Carole Bonvoust, responsable événementiel de Sika France, François Tenaglia, responsable commercial Parexlanko, ainsi que Ticiano et Roméo, pour le concours par équipe, faisaient également partie de la délégation française au départ de Paris pour rejoindre Pierre-Alexandre Letinturier. Le sujet de la finale individuelle était une représentation de l’Oriental Pearl Tower, conçue par l’architecte Jia Huan Cheng et inaugurée en 1995. Devenue l’un des symboles emblématiques de Shanghai, cette tour mesure 468 mètres de hauteur et figure parmi les plus hautes au monde. « J’étais bien préparé puisque nous avions eu là encore le sujet à l’avance. J’avais également eu l’opportunité d’échanger avec Anthony Gaboriau et Eddy Sanchez, qui avaient représenté la France lors des deux dernières éditions et qui m’ont transmis de précieux conseils. J’ai bien démarré le concours en terminant mes coupes en 2h15. Tout se déroulait comme je l’espérais, mais au moment d’entamer la pose, j’ai été terrassé par une violente fatigue. Je n’avais plus aucune énergie, accompagné de nausées et de vomissements, probablement à cause du décalage horaire et du stress. J’ai tenté de continuer, mais j’ai finalement dû me résoudre à abandonner 30 minutes avant la fin. Je suis forcément déçu par cette issue. Au-delà du classement, j’aurais aimé pouvoir présenter mon travail au jury. Néanmoins, cette aventure restera gravée comme un moment inoubliable. Représenter la France, découvrir de nouvelles cultures, participer à une cérémonie d’ouverture empreinte de frénésie chinoise, vivre cette expérience avec la French Team (Carole, François, Ticiano, Roméo et Pierre-Alexandre), et surtout partager tout cela avec ma famille… c’était extraordinaire. Je remercie vraiment tous ceux qui m’ont soutenu et accompagné dans cette belle aventure. » La finale internationale « Sika World Best Tiler » a rassemblé 204 000 visiteurs sur place et 1,3 million de spectateurs connectés en direct via le streaming. En compétition individuelle, le podium a honoré les représentants chinois, équatorien et marocain. Dans le classement par équipes, la Chine a remporté la médaille d’or, suivie par la Serbie, et nos jeunes carreleurs français qui décrochent une superbe troisième place. Pour Florian Gomez, malgré la déception de ne pas avoir pu terminer son sujet lors de la finale internationale, cette aventure restera une expérience unique remplie de souvenirs impérissables.